? Quelle langue enseigner
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? Quelle langue enseigner
Par Dr. Mouloud Lounaouci
Extrait du D.E.A. du sociolinguistique berbère
Cette question fondamentale, puisque d’elle dépend toute l’orientation du choix de l’apprentissage berbère découle en fait de la complexité linguistique existant en Afrique du Nord.
L’absence de traditions écrites, l’histoire houleuse de l’Afrique, la géographie physique même, ont multiplié les facteurs de fragmentation d’une hypothétique langue comme originelle. Résultat : un nombre de variétés régionales dont l’intercompréhension est difficile voire impossible pour certaines. Il est sûr que présentée comme telle, la solution n’est pas évidente en matière d’apprentissage scolaire. Il faut, toutefois, signaler que cet état de dialectisation n’est pas propre à cette langue comme n’est pas exceptionnelle sa situation sociolinguistique. De nombreux pays ayant vécu des situations similaires ont apporté, chacun à sa manière des solutions parfois très éloignées.
u Le choix d’enseigner une langue commune ( pan-berbère) ?
Un tel choix supposerait la construction d’une langue qui n’a jusque-la aucune réalité sociale. Il s’agirait donc d’une véritable « artificielle ». Une langue de ce type impliquerait à la fois une adhésion de l’ensemble des berbérophones, des moyens financiers colossaux et une volonté politique de tous les pays berbérophones. Si cette opération n’est pas impossible au plan théorique, nous nous imaginons aisément la difficulté au plan pratique.
Nous avons, il est vrai l’exemple de l’expérience hébraîque qui est une réussite parfaite mais elle reste encore unique. Derrière cette planification linguistique de l’hébreu, il y a l’Etat juif pour qui « la langue unique « représente le seul ( mis à part la religion) facteur de cohésion nationale, les immigrés juifs venant de tous les horizons et de toutes les cultures.
Dans le cas du berbère, un tel choix supposerait la création d’une norme scolaire unique qui aboutirait à une coupure sociale au niveau linguistique. A coté de cette langue de l’école continueraient de vivre toutes les variétés dialectales ( cas de l’arabe et de ses dialectes). Cette norme unique deviendrait la langue des situations formelles pendant que les variétés seraient celles des relations « naturelles ». On créerait dans ce champs déjà complexe, un facteur complémentaire de diglossie qui serait d’autant plus forte qu’il est illusoire de croire à un bilinguisme stable ( entre langue scolaire et ses variétés ) qui supposerait un niveau d’études supérieures pour tous les berbérophones. Cette solution relève donc à notre avis, d’une utopie (tout au moins dans le présent) et ses défenseurs sont mus par des considérations idéologiques et politiques plutôt que par les besoins d’efficacité.
Ce Choix est celui des militants berbéristes qui n’ont, pour la plupart, aucune notion des problèmes que peut poser une telle langue.
v L’enseignement d’un dialecte de référence ?
Cette solution pose d’autres problèmes dont celui de l’hégémonie d’une variété sur les autres. Il est sûr que les locuteurs dont le dialecte n’a pas été retenu n’apporteront pas leur caution ; ce qui sera un frein au développement de la langue. La deuxième difficulté réside dans la détermination des critères de ce choix ui seront de toute manière d’ordre subjectif. L’expérience du basque nous a montré les limites d’un tel choix même si l’on parle de « basque unifié ». Dans la réalité, c’est le GUIPUSCOAN qui a été choisi comme langue de base. Les arguments le souvent avancés sont la précocité de l’action militante en faveur du basque, des traditions littéraires plus anciennes et un travail de modernisation de la langue plus important. Même cautionné par l’académie basque, sur le terrain l’impact du « basque unifié » est bien moins important en BYSCAYE dont le nombre de locuteurs en langue basque est le plus élevé car frustrés qu’on n’ait pas opté pour leur variété. C’est d’ailleurs en BYSCAYE u’on enregistre le taux d’alphabétisation le moins élevé en basque.
Dans le cas du berbère, l’application de ces mêmes critères reviendrait à choisir le kabyle comme dialecte de référence ; mais serait-il accepté quand on sait que déjà on soulève le problème de l’hégémonie kabyle sur le mouvement militant berbère ?
Le choix d’un dialecte central ?
Dans ce cas, il s’agit de choisir le dialecte qui présente le taux d’intercompréhension le plus élevé avec le reste des variétés. Cette expérience a été menée au pays DOGAN (Mali). La langue Dogan est l’une des quatre langues nationales maliennes à coté de TAMACAQT, BAMBARA et SONGHAI , la langue officielle étant le Français. Le nombre de locuteurs est estimé entre 300 000 et 7 000 000 et le nombre de dialectes est au moins égal à vingt, expliquant la complexité du problème de normalisation linguistique. D’autant que l’intercompréhension (quoi que possible entre les dialectes proches géographiquement ) est absolument impossible entre les extrêmes. La première expérience de standardisation de la langue DOGAN est le fait de la DNAFLA. Direction Nationale de l’Alphabétisation Fonctionnellement et de la Linguistique Appliquée du Mali.
Sur les cinq dialectes qui ont émergé, de par leur importance numérique et sociolinguistique, un seul, le TORO-SO, a été à la base de l’élaboration de la langue standard. Pourtant, deux d’entre eux, le TOMMO-SE et le JANSAY-TEGU étaient les plus privilégiés. Deux arguments principaux sont avancés pour justifier le choix du TORO-SO. Il existait déjà une expérience de standardisation de celui-ci
. De plus, c’est lui qui est le plus compris par la plupart des locuteurs des autres dialectes DOGAN. Le choix n’a pourtant pas donné les résultats escomptés, la progression s’étant pratiquement arrêté depuis 1985. Cet échec relatif est lié à l’hétérogénéité linguistique et culturelle du peuple DOGAN. Le « dialecte TORO-SO n’est pas perçu comme socio-linguistiquement dominant et l’obligation de renoncer à son propre dialecte en faveur du TORO-SO ne peut trouver partout une approbation immédiate ». (V.A.Plungian, 1 Tembine, 1994).De plus, le TORO-SO n’est pas compris dans les zones extrêmes du pays, sans compter qu’il s’agit du dialecte d’une population majoritairement protestante alors que les dialectes TOMO-SO et JANSAY-TEGU sont ceux des populations islamisées. Ce facteur religieux intervient également dans le rejet de la langue standard. L’échec est aujourd’hui patent puisque c’est le dialecte Jansay-Tegu qui est utilisé à la radio.
Nous avons donc essayé, sur la base de la liste de Swadesh, de rechercher le dialecte central du berbère. Nous retrouvons la encore le kabyle suivi de prés du tacelêit (comme pour le TOMO-SO et sensiblement pour les mêmes raisons). Pour les raisons invoquées plus haut, il nous semble évident que même cet argument est irrecevable.
x Le choix de la « langue polynomique» ?
Ce concept de polynomie suppose « l’horizontalité » des langues. Ce qui nous paraît impossible. Cette notion ne peut, selon nous, résister à l’épreuve du temps. Pour des raisons économiques, politiques ou tout simplement richesse en encadrement, une variété émergera au dessus des autres. Ce nouveau regard sur la langue nous semble toutefois intéressant car il ouvre une piste de réflexion sur l’enseignement des langues jusque-la uniquement orales. Il s’agirait pour le berbère, d’un enseignement de chaque variété avec, comme le préconise S.Chaker, la recherche de zones de convergence (lexicologique, morpho-syntaxique…) et une recherche néologique commune. L’émergence d’une variété sera alors le résultat non d’un choix arbitraire mais de conditions plus ou moins objectives liées à l’effort d’un encadrement plus dynamique dans une variété plutôt que dans d’autres. Dans tous les cas, cette solution nous paraît la plus adaptée dans les temps présents, d’autant que dans un lointain avenir, il pourrait se dégager progressivement une norme scolaireunique qui ne serait dans ce cas plus une utopie. Il sera bien entendu extrêmement difficile de convaincre d’un tel choix qui remet en question toutes les idées reçues sur les bienfaits de la « langue unique » monormé qui renvoie à l’unité d’un peuple et d’une nation. Cette représentation de la langue est le produit de l’Etat-Nation qui considère que seule est respectable, la langue officielle, les variétés régionales n’étant que ses mauvais succédanés tout juste bons à garder dans ce cadre flou qu’est le patrimoine populaire national. Le mythe de la « belle langue » imprègne encore très fortement les mentalités et la variation est vécue comme une tare, un effritement linguistique dont il faut recoller les morceaux. C’est ainsi que l’on reproduit, inconsciemment, le modèle linguistique de l’Etat considéré oppresseur.
L’enseignement des variétés se calque sur l’enseignement des véritables pratiques langagières. Il redonne aux « langues fonctionnelles » ses lettres de noblesse et permet en outre de mettre en place un nouveau comportement, celui de l’inter tolérance.
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